Autriche/Europe Centrale/UE – La période d’approbation teintée de vigilance adoptée par l’opposition à l’égard du confinement semble être arrivée en Autriche à son terme le week-end dernier. Les trois formations sociale-démocrate (SPÖ), libérale (NEOS) et d’extrême-droite (FPÖ) sont, en effet , à l’unisson montées au créneau pour dénoncer la fermeture des établissements scolaires, une mesure qu’elles considèrent inadaptée au contexte de crise mais aussi extrêmement dangereuse pour l’avenir de la République.
La pandémie soude l’opposition
Lors d’une conférence de presse tenue samedi, Pamela Rendi-Wagner, Secrétaire Générale du SPÖ, s’est déclarée choquée de ne pas avoir été informée des mesures prises pour affronter le seconde vague. « Ni une coordination centrale, ni une recherche appropriée des contacts n’ont été assurées » a-t-elle déclaré avant de reprocher au gouvernement d’avoir laissé isolés les lands et les milieux hospitaliers dans l’organisation des unités de soins intensifs. Elle reproche par ailleurs au Chancelier Sebastian Kurz d’avoir évoqué fin août « une fin du tunnel alors même que s’amorçait un sursaut de la pandémie. » Plus que dans tout autre pays, toucher à l’éducation à n’importe quel niveau que ce soit, est un sacrilège et il va sans dire qu’en décidant de fermer les établissements scolaires sans réelle concertation, l’équipe gouvernementale a pris un énorme risque car le sujet transcende tous les clivages politiques. Les trois partis d’opposition ne sont pas des officines mais représentent avec 86 sièges au Parlement près de 47% de la population, ce qui laisse une marge de manœuvre relativement faible à la coalition des Verts et des conservateurs actuellement au pouvoir. Jusqu’à présent ils étaient relativement bienveillants à l’égard du gouvernement. Conscients que la croissance de leur République est dépendante d’un nombre conséquent de travailleurs étrangers, permanents ou saisonniers, en provenance des pays voisins République Tchèque, Slovaquie, Hongrie et Ukraine notamment, mais aussi d’un afflux constant de touristes, la crise sanitaire y est de fait plus difficile à gérer que dans bon nombre d’autres territoires de l’Union Européenne. Le Chancelier Sebastian Kurz s’est appuyé à côté de son ministre de l’Intérieur, Karl Nehammer, figure historique de son parti populaire ÖVP, sur deux autres ministres écologistes, Werner Kogler, Vice-Chancelier en charge de la Culture, et Rudolf Anschober, de la Santé et des Affaires Sociales, deux personnalités qui doivent leur reconnaissance davantage à la pandémie qu’à leur expérience dans le monde politique. La décision de fermer les écoles a été ressentie, à juste titre, comme un grave danger susceptible de remettre en cause toute la chaîne nécessaire à l’intégration. Limiter l’éducation à l’enseignement à distance est « une grave erreur » , estime Beate Meinl-Reisinger, Présidente du parti NEOS, laquelle s’interroge à savoir si cette décision est constitutionnelle et si elle s’inscrit dans la cadre d’un Etat de Droit. Qu’ils le reconnaissent ou non, les Autrichiens vivent encore dans l’ombre de ces années Zéro qui ont succédé aux deux conflits mondiaux, qui restent encore gravées dans la mémoire collective pour la simple et unique raison que plus de 10% de la population actuelle, âgés de plus de 75 ans, les ont vécues. gs & vjp