Confinement : l’opposition autrichienne se réveille

Autriche/Europe Centrale/UE – La période d’approbation teintée de vigilance adoptée par l’opposition à l’égard du confinement semble être arrivée en Autriche à son terme le week-end dernier. Les trois formations sociale-démocrate (SPÖ), libérale (NEOS) et d’extrême-droite (FPÖ) sont, en effet , à l’unisson  montées au créneau pour dénoncer la fermeture des établissements scolaires, une mesure qu’elles considèrent inadaptée au contexte de crise mais aussi extrêmement dangereuse pour  l’avenir de la République.

Pamela Rendi-Wagner, 49 ans, médecin, est spécialisée dans les maladies trapicales. Diplômée de l’Université des Sciences de Vienne, elle a poursuivi sa formation à l’Ecole Supérieure d’Hygiène et Médecine Tropicale de Londres. Titulaire d’un Master of Science obtenu au Royale College of Physician, elle a été par la suite, de 2008 à 2011, chargée de cours au département d’épidémiologie à l’Université de Tel Aviv. Professeur à l’Université de Vienne entre 2012 et 2017, elle a été nommée un an plus tard Ministre de la Santé et c’est en cette même année 2018 qu’elle est parvenue à prendre la tête du parti social-démocrate SPÖ, une formation dont elle était sympathisante dès son entrée à l’université.
Beate Reisinger, 42 ans, a étudié, quant à elle, le droit à l’Université de Vienne puis à l’Université du Danube de Krems (Basse-Autriche). Devenue assistante du député européen Othmar Karas, elle a été amenée à représenter la Chambre Economique autrichienne auprès de la Commission Européenne. Elle fait partie des têtes pensantes du parti libéral NEOS, fondé en 2012, une formation dont elle a pris la direction en juillet 2019 à une majorité écrasante (96,1% des voix). Le NEOS est devenu, lors des élections législatives de 2019, la cinquième force politique du pays et détient à ce jour 8% des sièges au Parlement, un poids suffisant pour appartenir à une éventuelle coalition. Ces deux personnalités incarnent le renouveau politique autrichien mais aussi et surtout un changement de mentalité dans un pays qui a longtemps rechigné à donner aux femmes la place qu’elles méritent dans la société.

La pandémie soude l’opposition

Lors d’une conférence de presse tenue samedi, Pamela Rendi-Wagner, Secrétaire Générale du SPÖ, s’est déclarée choquée de ne pas avoir été informée des mesures prises pour affronter le seconde vague.  « Ni une coordination centrale, ni une recherche appropriée des contacts n’ont été assurées » a-t-elle déclaré avant de reprocher au gouvernement d’avoir laissé isolés les lands et les milieux hospitaliers dans l’organisation des unités de soins intensifs. Elle reproche par ailleurs au Chancelier Sebastian Kurz d’avoir évoqué fin août « une fin du tunnel alors même que s’amorçait un sursaut de la pandémie. »  Plus que dans tout autre pays, toucher à l’éducation à n’importe quel niveau que ce soit, est un sacrilège et il va sans dire qu’en décidant de fermer les établissements scolaires sans réelle concertation, l’équipe gouvernementale a pris un énorme risque car le sujet transcende tous les clivages politiques. Les trois partis d’opposition ne sont pas des officines mais représentent avec 86 sièges au Parlement près de 47% de la population, ce qui laisse une marge de manœuvre relativement faible à la coalition des Verts et des conservateurs actuellement au pouvoir. Jusqu’à présent ils étaient relativement bienveillants à l’égard du gouvernement. Conscients que la croissance de leur République est dépendante d’un nombre conséquent de travailleurs étrangers, permanents ou saisonniers,  en provenance des pays voisins République Tchèque, Slovaquie, Hongrie et Ukraine notamment,  mais aussi d’un afflux constant de touristes, la crise sanitaire y est de fait plus difficile à gérer que dans bon nombre d’autres territoires de l’Union Européenne.  Le Chancelier Sebastian Kurz s’est appuyé à côté de son ministre de l’Intérieur, Karl Nehammer, figure historique de son parti populaire ÖVP, sur deux autres ministres écologistes, Werner Kogler, Vice-Chancelier en charge de la Culture, et Rudolf Anschober, de la Santé et des Affaires Sociales, deux personnalités qui doivent leur reconnaissance davantage  à la pandémie qu’à leur expérience dans le monde politique. La décision de fermer les écoles a été ressentie, à juste titre, comme un grave danger susceptible de remettre en cause toute la chaîne nécessaire à l’intégration. Limiter l’éducation à l’enseignement à distance est « une grave erreur » , estime Beate Meinl-Reisinger, Présidente du parti NEOS, laquelle s’interroge à savoir si cette décision est constitutionnelle et si elle s’inscrit dans la cadre d’un Etat de Droit. Qu’ils le reconnaissent ou non, les Autrichiens vivent encore dans l’ombre de ces années Zéro qui ont succédé aux deux conflits mondiaux, qui restent encore gravées dans la mémoire collective  pour la simple et unique raison que plus de 10% de la population actuelle, âgés de plus de 75 ans, les ont vécues. gs & vjp

 

 

 

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