Cette gauche allemande qui se cherche sans se trouver

Allemagne – Les militants du parti de gauche allemand, Die Linke, vont être prochainement amenés à choisir leurs instances dirigeantes. Comme il est désormais de règle dans toutes les formations qui se prétendent démocratiques, la direction se veut bicéphale, incluant une femme et un homme. Deux duos ont posé à ce jour officiellement leur candidature, la présidente actuelle du mouvement Janine Wissler qui s’est allié e au député européen Martin Schirdewan (nos photos). Tous deux sont en concurrence avec deux membres du Bundestag Sören Pellemann et Heidi Reichinnek. A l’instar de ce qui s’est longtemps produit en France avec le Parti Socialiste, les têtes pensantes de Die Linke en Allemagne préfèrent perdre leur temps à fabriquer des courants de pensée plutôt que de penser rationnellement à ce que leurs électeurs potentiels attendent d’eux. La comparaison vaut aussi avec la France Insoumise car, à l’instar de Jean-Luc Mélenchon ceux qui, chez die Linke aspirent à prendre le pouvoir, sont ceux qui le contestent tout en en profitant. Depuis sa création, il y a quinze ans, Die Linke, s’immisce dans la cour des grands et apporte son point de vue sur des sujets qui ne concernent pas directement son électorat de base, en l’occurrence tous ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ces derniers se retrouvent davantage dans les discours de mouvement d’extrême-droite AfD et il est difficile de le leur reprocher lorsqu’ils constatent qu’il est souvent préférable d’être un réfugié ukrainien en Allemagne, qu’un chômeur de longue durée allemand en Saxe ou en Thuringe. La troisième comparaison avec la France provient du fait que les partis de gauche ne savent plus s’adresser à ceux qui seraient tentés de voter pour eux, en l’occurrence les bénéficiaires de minima sociaux qui, de chaque côté du Rhin, sont relégués au ban de la société. Selon les dernières études statistiques, 18% des électeurs inscrits vivent en dessous du seuil de pauvreté et devraient normalement être attirés par un vote à gauche, ce qui n’est pas le cas car aux dernières élections au Bundestag, le parti Die Linke en n’obtenant que 5,2% des sièges, a failli ne pas être représenté. Depuis l’adoption du nouveau code du travail initié par l’ancien Chancelier Gerhard Schröder et la généralisation des mini-jobs, les inégalités se sont creusées et il est de plus en plus difficile pour un chômeur de longue durée de sortir de la précarité. Ce phénomène de paupérisation est particulièrement flagrant chez les jeunes sans formation adaptée au marché du travail mais aussi chez les plus de 50 ans qui ont commis l’erreur de rester attachés au même employeur et ne sont plus à même de changer de qualification. C’est à ces électeurs potentiels qui souhaiteraient voir le parti de gauche devenir leur lobby que Die Linke ne sait pas s’adresser. Ils préfèrent voter pour l‘AfD ou s’éloigner de la politique en s’abstenant. vjp

 

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