Allemagne/UE – Qui aurait pensé il y a quelques années que des professions aussi ancrées dans les sociétés que le sont celles de chauffeur de taxi ou d’hôtelier, allaient être contraintes du jour en lendemain à se remettre en cause. Après le succès des sites de réservations de billets d’avion, de train ou de voiture et celui des plateformes dédiées aux locations temporaires d’appartements, il est évident que les marchés du tourisme et de ses activités connexes dont l’hôtellerie et les taxis, allaient être frappés de plein fouet
par une concurrence inattendue, dont les premiers effets, dus au numérique, se sont faits sentir avec les créations de Uber et de Airbn (*). Les deux startups ont eu d’autant plus de succès qu’elles répondaient, grâce à leurs tarifs ultra compétitifs, à la demande d’une vaste clientèle qui a pu s’offrir des plaisirs qui leur étaient jusque là, pour des raisons financières, interdits. Mais cette popularisation du tourisme a très vite remis en cause des principes qu’on croyait établis. En l’espace de quelques semaines, des milliers de consommateurs ont pris le parti de briser les habitudes, de renoncer aux taxis et aux chambres d’hôtels pour privilégier des déplacements collectifs et des hébergements chez des privés.
Partager pour mieux se défendre
La réussite du covoiturage et de Blablacar n’a pas poussé les chauffeurs de taxi à la révolte car elle n’était pas considérée comme une concurrence déloyale, personne n’ayant l’idée d’aller de Marseille à Lyon avec ce mode de locomotion. En revanche, lorsque Uber est venu mettre le pied sur leurs platebandes urbaines, il en a été tout autrement car ils ont vu dans cette arrivée une entrave flagrante à une législation quasi séculaire qui veut qu’exercer la profession de taxis passe par l’achat d’une coûteuse licence qui ne s’amortit qu’après de longues années. Ce métier, est, dans tous les pays européens, encadré de la même manière et c’est par conséquent sur tous les territoires que les chauffeurs de taxi se sont transformés en lobbyistes qui n’ont pas hésité à se révolter en manifestant et bloquant les artères les plus fréquentées et aux heures de pointe. Ils ont été parfois rapidement entendus, à l’instar de la Hongrie où leurs klaxons de la colère, se sont rapidement tus, car les pouvoirs publics ont imposé aux chauffeurs d’Uber des conditions telles, qu’ils ont préféré renoncer. Il en a été de même en Espagne où un des syndicats professionnels a engagé une procédure auprès de la Cour Européenne de Justice censée mettre fin à une concurrence déloyale. Les magistrats se trouvent désormais face à un dilemme et vont devoir trancher entre deux possibilités : soit ils considèrent Uber comme une entreprise de transport, soit comme une entreprise de service numérique. S’ils s’orientent vers la première, ce sera alors un coup du pour la société américaine, car elle sera alors tenue de se plier aux règlements imposés aux taxis et concernant plus particulièrement la sécurité et les taxations. De quoi décourager ses investisseurs potentiels qui ne pourront plus compter sur des dividendes mirobolants. Si, au contraire, ils s’orientent vers la seconde hypothèse, Uber serait alors libérée des régulations, ce qui ne laisserait alors rien présager de bon pour un métier qui garantit des dizaines de milliers d’emplois. Comme chacun sait que les instances européennes se donnent beaucoup de temps pour réfléchir et qu’elles sont généralement adeptes du mi-figue/mi-raisin, certains préfèrent prévenir que guérir et sauver les meubles avant qu’il ne soit trop tard. Parmi ces organismes sur la défensive, un fait beaucoup parler de lui en Europe. En créant sa propre application, comparable à celle d’Uber, et en la rendant opérationnelle dès le début janvier, le syndicat professionnel allemand des taxis et loueurs de véhicules, devance un jugement qui ne sera vraisemblablement pas rendu avant le printemps voire l’été 2017. Le service de Taxi-Sharing du syndicat sera testé avec six cents taxis de Hambourg, lesquels proposeront exactement les mêmes services que le label américain et laisseront à leurs clients le choix entre deux options : un transport individuel ou un course à plusieurs, les passagers, dans ce cas, partageant les coûts au prorata des distances parcourues. Si l’expérience est concluante dans la ville hanséatique qui attire de plus en plus de touristes et d’hommes d’affaires, elle servira alors de modèles dans toutes les autres métropoles allemandes. Ce qui est singulier dans cette remise en cause des habitudes, c’est le fait que des pays très riches, à l’instar de l’Allemagne, recourent en réalité à des méthodes qui sont courantes dans les pays beaucoup moins développés. Comment ne pas citer l’exemple des aéroports de Bucarest ou de Riga, dans le hall desquels siègent les principales compagnies de taxis. Vous pouvez y acheter votre ticket de taxi, le payer immédiatement en fonction du nombre de kilomètres à parcourir, seul critère de facturation et le partager avec un autre passager s’il se dirige vers la même destination. Avec un peu de chance, votre covoiturier, vous avez peut-être déjà sympathisé avec lui dans l’avion ! Mais ce genre de solution est génial et paradoxal, car il résout un problème avec les moyens qui en ont été la cause. Serait-il applicable dans des pays où l’individualisme prime sur le partage ? Seul l’avenir pourra nous le dire. Vital-Joseph Philibert
Allemagne/UE – Qui aurait pensé il y a quelques années que des professions aussi ancrées dans les sociétés que le sont celles de chauffeur de taxi ou d’hôtelier, allaient être contraintes du jour en lendemain à se remettre en cause. Après le succès des sites de réservations de billets d’avion, de train ou de voiture et celui des plateformes dédiées aux locations temporaires d’appartements, il est évident que les marchés du tourisme et de ses activités connexes dont l’hôtellerie et les taxis, allaient être frappés de plein fouet