BioNtech : une poule aux œufs de diamants

Özlem Türeci et Ugur Sahin

Allemagne/Roumanie/UE– La société BioNtech qui a été pionnière dans le développement des premiers vaccins contre le covid 19 a généré au premier semestre 2021 un chiffre d’affaires de 7,4 milliards d’euros, soit une progression de 10.000% par rapport au premier semestre 2020. Le chiffre d’affaires par salarié s’élève à huit millions d’euros, un résultat supérieur à celui de Volkswagen. Au 30 juin 2020, le laboratoire implanté à Mayence devait composer avec un déficit de 142 millions d’euros consécutifs à des investissements colossaux dans la recherche et le développement de nouveaux médicaments contre les cancers. Un an plus tard, grâce à la crise sanitaire, il affiche des bénéfices s’élevant à 3,9 milliards d’euros. Selon les analystes financiers la valorisation de l’entreprise est estimée à 80 milliards d’euros et ses deux fondateurs, Özlem Türeci et Ugur Sahin, ont rejoint le club très fermé des Allemands le plus riches du pays. Une telle ascension est inédite dans l’histoire de l’économie allemande et revêt un caractère particulier dans le sens où ce couple est issu de l’immigration, ce qui donne de l’eau au moulin de ceux qui affirment à juste titre que le savoir et l’intelligence n’ont pas de frontières et qu’il est judicieux de considérer tout un chacun comme une personne dotée d’un cerveau quelle que soit la couleur de sa peau. Selon les mêmes analystes et observateurs, cette belle aventure a encore de beaux jours devant elle car d’ici fin 2022, BioNtech, qui a déjà fourni un milliard de doses, va devoir en garantir trois fois plus voire davantage si les autorités sanitaires s’orientent vers une troisième vaccination. Ce potentiel de développement n’a pas échappé à certains experts américains qui estiment que la valeur en bourse de BioNtech pourrait atteindre d’ici cinq à dix ans les 500 milliards de dollars, soit plus de 430 milliards d’euros. Ces résultats qui donnent le vertige et alimentent les débats entre pro et anti-vaccins, auraient été encore plus éloquents si les campagnes de vaccination avaient atteint dans tous les territoires leur objectif, or ce n’est pas le cas dans de nombreux pays. Certains territoires accusent d’ores et déjà un retard important en matière d’immunité vaccinale.

Des centaines de milliers de vaccins dans les cartons

Parmi eux la Roumanie, où seuls 28,28% de la population ont été vaccinés. Dans la République des Carpates, les autorités ne sont pas parvenues à uniformiser leur stratégie de vaccination et c’est ainsi que le comité de coordination de lutte contre la pandémie déplore de fortes disparités d’une région à l’autre. Alors que dans certains districts, généralement urbains, le taux de vaccination frise les 50%, dans les zones rurales il ne s’élève en moyenne qu’à 14,22%. Dans les «judets» les plus pauvres, à l’instar de la Valachie, dans le sud-est du pays, le taux de vaccination ne dépasse pas les 5%. Dans le village de Barbulesti, situé à proximité de Ialomita (260.000 habitants), seuls 0,33% des habitants ont été vaccinés. Cette «distanciation vaccinale» contribue à ce que la Roumanie croule sous les stocks. Afin que les vaccins ne se périment pas, elle n’a d’autre choix que de les offrir et la pandémie de provoquer une situation à la fois paradoxale et inspirante qui permet à des pays pauvres de venir en aide à des pays encore plus pauvres qu’eux en leur offrant des produits très chers à forte valeur ajoutée. Il n’est plus question de vague épidémique mais de flots de générosité. En commandant des centaines de milliers de doses restées dans les cartons, la Roumanie a commencé à en envoyer 500.000 à la République de Moldavie, 100.800 à l’Ukraine, 50.400 à la Serbie et 30.000 en Argentine. Les largesses de Bucarest ne se sont pas limitées à ces quatre pays et des dons similaires ont été effectués en direction de l’Egypte (525.000 doses), de la Tunisie (425.000 doses), du Vietnam (199.200) et de l’Albanie (150.000). Dans les pays destinataires, ces vaccins seront-ils réellement administrés ? Personne ne le sait mais qui veut réellement le savoir ? (Source : pg5i et adz) –  Nombre de mots : 645

 

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