Allemagne : la rudesse prévisible d’hivers sans nucléaire

Allemagne – Le gouvernement allemand semblait avoir tout prévu pour affronter l’hiver mais ne s’attendait pas à ce que dernier arrive aussi vite et de manière aussi rigoureuse. Il a eu beau lancer des appels aux habitants pour les prier de ne pas trop consommer d’énergie, de baisser la température à 19°, de rester moins longtemps sous la douche et d’arrêter autant que faire se peut tous les appareils électriques énergivores, ces consignes n’ont été que partiellement respectées et tout s’est passé comme si  les personnes auxquelles elles s’adressaient, avaient majoritairement rejeté la responsabilité sur leurs dirigeants plutôt que de faire preuve de civisme.

Depuis plusieurs semaines, les Allemands consomment beaucoup plus d’électricité qu’ils ne le devraient. Tous les réservoirs de gaz s’épuisent plus rapidement que prévu. Cette constatation n’est pas seulement due à des thermomètres qui sont descendus en dessous des normales saisonnières mais à une politique électrique défaillante. La République Fédérale produit encore beaucoup d’énergie électrique à partir des centrales à gaz (21 gigawatts en 2021), de charbon (14 gigawatts) et de lignite (17 mégawatts). Autant de sources d’énergie qui sont polluantes et contraires à sa politique environnementale. A cette fin d’automne qui ressemblait à un hiver prématuré, se sont greffés un faible ensoleillement et des vents très modérés, ce qui a contribué à une baisse significative des ressources énergétiques renouvelables. Le gouvernement actuel se trouve dans une impasse car il doit toujours tenir compte du lobby anti-nucléaire mais en même temps satisfaire les grandes entreprises d’électricité. Il souhaite à la fois rendre son énergie neutre en Co-2, devenir indépendant de la Russie et en même temps sortir du nucléaire. Trois objectifs, certes louables, mais qui auraient nécessité une meilleure préparation, qui a été mise à mal par la guerre en Ukraine. Tous les experts sont désormais unanimes et considèrent que les sources d’énergie renouvelables ne suffisent pas pour assurer les besoins en électricité. Le pays a impérativement besoin d’accumulateurs d’énergie qui pourraient, en cas de besoin, tenir plusieurs semaines en hiver. Une des solutions consisterait en une infrastructure d’hydrogène important de l’énergie sous forme de gaz en provenance de pays riches en énergie et qui pourrait être consommée en cas de pénurie. Mais avant que ce nouveau mode énergétique ne soit opérationnel, le pays démolit l’ancien en décidant que les centrales nucléaires devront cesser leur activité au printemps prochain. En tirant un trait définitif sur l’atome, les Allemands se sont privés de toute alternative et, pire, ils n’ont plus la possibilité de faire machine arrière. En effet, le retour au nucléaire deviendrait-il inéluctable que ses opérateurs potentiels seraient dans l’incapacité de le réactiver. Leurs personnels ont en effet été amenés, soit à se reconvertir, soit à prendre leur retraite. Une relance éventuelle du nucléaire nécessiterait des plans spécifiques de formation ou le recours à des collaborateurs étrangers. Cette année, l’Allemagne est parvenue à remplir ses réservoirs de gaz, ce qui rend cet hiver relativement confortable. Personne ne sait néanmoins dans quelles conditions l’hiver 2023/2024 sera vécu. Une seule chose est sûre : sans les centrales nucléaires, il sera plus rude qu’il ne devrait l’être. kb

 

error: Content is protected !!