Les Allemands désertent les églises
Allemagne – Les autorités ecclésiastiques et catholiques allemandes s’inquiètent des répercussions désastreuses qu’ont provoquées les affaires de pédophilies dans lesquelles ont été impliqués quelques uns des plus hauts dignitaires de l’église, dont l’archevêque de Cologne, le Cardinal Rainer Maria Woelki, accusé d’avoir fermé les yeux sur les agissements de certains membres de sa communauté. Quelque 360.000 fidèles ont décidé l’an dernier de s’éloigner de leur confession et pas voie de conséquence de ne plus s’acquitter de l’impôt dont ils sont redevables. C’est la première fois qu’un tel désistement de masse est enregistré au sein de l’église, laquelle avait déjà vécu une mauvaise passe en 2019, après la désaffection de 86.567 fidèles, un nombre qui avait alors déjà inquiété Georg Bätzing, président de la Conférence des Evêques. Ce dernier reconnaît que l’église catholique se trouve désormais dans une très profonde crise qui ne sera pas sans conséquence sur les finances des structures qu’elle gère. L’impôt perçu par les églises catholique et protestant qui permet à celles-ci d’engranger chaque année respectivement plus de six et cinq milliards d’euros est souvent remis en cause mais continue toutefois à faire partie intégrante de l’histoire et de la culture allemande. L’impôt ecclésiastique n’a pas été remis en cause en 1919, lors de l’adoption par le parlement de la constitution de la République de Weimar. A partir de 1933, les nationaux-socialistes bien qu’ils aient essayé de réduire l’influence des églises n’ont pas cherché à y mettre un terme et se sont contentés de le faire prélever directement sur les salaires pour le faire reverser par la suite sur le compte de l’Etat. Seule la République Démocratique Allemande est parvenue à réduire l’influence des églises en ne leur communiquant plus les déclarations fiscales des contribuables et en laissant à ces derniers le libre choix de participer ou non au financement. Mais après la réunification, l’impôt en vigueur en Allemagne de l’Ouest s’est généralisé sur l’ensemble du territoire, ce qui a contribué à une forte augmentation des ressources. Il va sans dire que les affaires de pédophilie au cœur desquelles se sont trouvé impliqués les plus grands dignitaires de l’Eglise catholique ont provoqué, en Allemagne plus qu’ailleurs, un choc dont les ecclésiastiques membres de cette obédience vont mettre des années voire des décennies à se remettre. Si les plus grandes victimes de ces scandales à
répétition sont les enfants contraints à des actes contre-nature, il ne faut toutefois pas oublier les milliers de personnes ignorant tout de ces agissements et qui se trouvent impliquées dans des affaires dont elles auraient préféré se passer. Ces dernières ont eu comme conséquence directe de ternir l’image des deux obédiences chrétiennes, catholique et protestante, laquelle a perdu l’an dernier quelque 280.000 fidèles. Bien qu’il soit historique, ce discrédit ne mettra pas en danger les finances de ces deux religions dominantes auxquelles adhèrent 50% de la population, dont 21,6 millions de catholiques. Il faut préciser que c’est dans le domaine religieux que les différences entre l’est et ouest du pays sont les plus flagrantes. Alors que dans tous les nouveaux länder plus des deux tiers des habitants se déclarent athées, dans ceux de l’ouest on enregistre dans la même proportion le nombre de croyants. Parmi les régions les plus réfractaires à la religion, la Saxe-Anhalt et la Saxe avec respectivement 70 et 69% d’athées suivies par le Meklembourg-Poméranie (68%) et la Thuringe (66%). A l’ouest, ce sont les länder du centre et du sud qui sont de loin les plus réceptifs aux discours religieux, la Sarre avec 80% battant tous les records devant la Rhénanie du Nord Westphalie (77%), la Rhénanie-Palatinat et le Bade-Wurtemberg (à égalité à 75%) et enfin la Hesse et la Bavière toutes deux deux à 73%. pg5i