Et le 8è Prix Lumière est attribué à …. Catherine Deneuve

Catherine Deneuve

France – Catherine Deneuve recevra le 14 octobre prochain au Centre des Congrès de Lyon, le huitième Prix Lumière, une distinction prestigieuse qui honore la carrière d’acteurs ou réalisateurs exceptionnels. Après Clint Eastwood (2009), Milos Forman (2010), Gérard Depardieu (2011), Ken Loach (2012), Quentin Tarantino (2013), Pedro Almodovar (2014) et Martin Scorcese (2015), Catherine Deneuve est la première actrice à se voir décerner un prix, initié par Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière et le metteur en scène Bertrand Tavernier, dont l’objectif est de célébrer des personnalités hors normes et artistiquement polyvalente. Les deux hommes sont attachés à Lyon comme à la prunelle de leurs yeux, le premier y a grandi dans un quartier populaire, le second a fait « mieux », il y est carrément né (1). Qui d’autre que Catherine Deneuve pouvait mieux incarner la philosophie d’une récompense vouée à la mémoire des frères Louis et Auguste Lumière ? On pourrait citer des noms mais ce serait mettre une actrice en concurrence avec d’autres belles lumières du septième art, ce qui est impossible tant la lauréate est incomparable.  Depuis ses débuts, en 1957,  dans « Les collégiennes » d’André Hunebelle, puis trois ans plus tard dans   « Le vice et la vertu » de Roger Vadim, aux côtés d’une autre comédienne, Annie Girardot, qui aurait pu la précéder si son destin n’avait été aussi tragique, Catherine Deneuve a tout joué : des comédies, des comédies musicales, des drames. Elle a tourné avec les plus grands réalisateurs. Il est inutile d’en citer et préférable de conseiller une connexion sur Wikipédia qui publie une biographie à couper le souffle, comparable à celle de Marlène Dietrich.

La muse des plus grands

A l’instar du César d’Honneur, le Prix Lumière a l’immense avantage de rendre des hommages à des artistes vivants. A titre posthume elle en aura à coup sûr des centaines à travers le monde, car dans tous les pays elle est aimée. Une fois n’est pas coutume, elle l’est aussi dans son pays. Si nous aimions cet horrible mot qui gouverne trop souvent les choix artistiques, nous dirions qu’elle est « bancable », ce terme nous l’utilisons toutefois à contrecœur pour signifier que notre héroïne est une des seules actrices à avoir attiré en France plus d’un million de spectateurs dans près de quarante films.  Mais cette grande dame, personnellement, nous l’aimons parce qu’elle est à contre courant de ce triste et déplorable phénomène de la médiatisation. Certes, elle fait souvent la une des magazines (comment pourrait-il en être autrement d’une femme aussi belle et intelligente ?), mais elle sait protéger sa vie privée. Elle a eu plusieurs compagnons mais n’a jamais flirté, par opportunisme,  avec le monde des puissants.  Catherine Deneuve est une Lumière quand elle est devant la caméra de réalisateurs qui ont tourné des films devenus cultes dont elle est devenue la muse, à l’instar de Roman Polanski (« Répulsion »), Luis Bunuel (« Tristana », « Belle de Jour ») ou François Truffaut (« La Sirène du Mississipi », « Le dernier métro ») mais elle l’est aussi lorsqu’elle s’engage dans des « programmes communs » qui sont plus sociétaux et culturels que politiques.  Elle a pris position pour l’abolition  de la peine de mort, le droit des femmes, soutenu les dissidents cubains,  les sans-papiers français et les migrants du monde, dénoncé l’utilisation des bombes à sous-munition, enregistré des messages de soutien aux détenus en otages en Irak, signé le manifeste des 343 pour le droit à l’interruption volontaire de grossesse et s’est opposée à la loi Création Internet, car elle craignait que celle-ci mît en péril les œuvres d’auteurs.  Catherine Deneuve aime dire :  « Je ne travaille pas à ma postérité. Je me sens comme une passagère », mais une passagère qui met sa célébrité (elle est aussi  l’égérie de Chanel) au service de la postérité des autres. Parmi les missions dont elle est vraisemblablement la plus fière, ce sont celles qui consistent, en tant qu’ambassadrice auprès de l’UNESCO, à préserver le patrimoine cinématographique. Il ne reste plus qu’à espérer qu’une chaîne ait l’idée géniale de diffuser en direct la cérémonie du 14 octobre à Lyon, d’autant qu’elle aura lieu, comme en sont assurés les fondateurs du Prix Lumière,  en présence d’invités du monde entier. On veut bien les croire car la lauréate incarne une forme de bravoure au féminin, universelle.  Vital-Joseph Philibert

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